Gérard Rondeau
Chroniques d'un portraitiste
Exposition du 04 novembre au 29 décembre 2017
« Rondeau met en œuvre une conception du portrait proche de celle de Manet et de Cézanne. Les visages de Manet et de Cézanne ne sont pas les masques explicites d’un sentiment ou d’un état social. Ils suscitent des suggestions nombreuses, contradictoires et changeantes comme chaque individu… Il en est de même des portraits de Rondeau : il agit dans l’intervalle qui sépare deux attitudes définissables et rend ainsi à chacun de ceux qu’il photographie ses profondeurs et ses énigmes. » Philippe Dagen
Gérard Rondeau, disparu en 2016, est l'un des photographes français les plus originaux de sa génération. Grand portraitiste, grand reporter, il a photographié les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale comme ceux de Sarajevo, mais a surtout excellé dans l'art du portrait instantané.
Homme de culture, ami de nombreux écrivains, il a saisi dans leur intimité et vérité des auteurs comme Jean Baudrillard, Tahar Ben Jelloun, Jacques Derrida ou Patrick Modiano. Photos cadrées à la prise, jamais retouchées, longtemps attendues, avec la patience de celui qui sait qu'à un moment donné, le « sujet » se laissera aller à la photo et qu'alors surgira quelque chose d'unique, comme l'ont fait avant lui les grands peintres.
Patience et observation sont les maîtres mots de la méthode Rondeau, et même si la plupart de ses portraits relevaient d'une commande (le journal Le Monde par exemple), l'artiste qui les a saisis a dépassé le cadre de sa mission pour donner à voir ce que son art seul pouvait faire voir.
Biographie
Des Galeries Nationales du Grand Palais à Paris à la National Gallery de Jakarta, de la Maison Européenne de la Photographie à Paris au Festival de la Luz à Buenos-Aires, du Musée de l’Elysée à Lausanne au Martin-Gropius-Bau à Berlin, Gérard Rondeau présente de nombreuses expositions personnelles. A Istanbul, New York, Sarajevo, Rome, il invente des séries particulières.
Rondeau explore les coulisses des musées pendant vingt ans, il chronique la vie à Sarajevo durant le siège, il dresse un portrait du Maroc contemporain dans un brillant dialogue au-delà du temps avec la peinture et les dessins de Delacroix ; pendant quinze ans, il accompagne les missions de Médecins du Monde dans le monde entier.
Pendant de longues années, Rondeau accompagne le peintre Paul Rebeyrolle, il parcourt avec le romancier Yves Gibeau les champs de bataille de la première guerre mondiale, il visite avec le Quatuor Ysaÿe les grandes scènes du monde, il fait l’inventaire avec l’écrivain Bernard Frank des rues de sa vie. Durant trois années, il travaille sur la Marne, il flirte avec la rivière, il part 45 jours sur un bateau-studio à la rencontre des riverains et spécialistes, photographie et filme plus de 150 personnes. De ces matériaux, il dressera le premier portrait général de la plus longue rivière de France.
Rondeau voyage dans un monde en noir et blanc, il emprunte des chemins sans fin, joue avec les mots, les jeux d’ombre et les silences, il assemble des histoires et restitue des mondes en souffrance.
Auteur de nombreux ouvrages, sur le voyage, les traces de la guerre, le patrimoine français et européen ou l’univers des peintres contemporains, Rondeau est un artiste rare et singulier. Ses livres et ses expositions ressemblent à des journaux intimes, à des romans.
Il a été élu meilleur artiste plasticien de l’année lors de la cérémonie des Globes de Cristal 2007.
Catalogue de l'exposition
Gérard Rondeau, Chroniques d'un portraitiste, Paris, Seuil, 2006.
Préface de Philippe Dagen
Postface de Michèle Champenois
224 pages
Taille: 23,8 x 27,5 cm
Chroniques d'un portraitiste mêle photographies et récits de rencontres. Se succèdent portraits posés, images et graphismes décalés : c'est un voyage inattendu et très personnel au pays des intellectuels que nous propose Gérard Rondeau. Ses portraits posés, imprégnés de lumière, révèlent le souci de l’intime et de l’intériorité. Ils cohabitent quelquefois avec des séquences photographiques plus narratives ou avec de précieux détails révélateurs, ici, d’une bibliothèque, ailleurs d’un jardin ou d’un atelier, voire d’une époque.
Gérard Rondeau / Agence Vu'