Claude Nori
Un été italien
Exposition du 09 septembre au 28 octobre 2017
Les photographies de Claude Nori semblent sortir d’un film d’où son Italie natale n’est jamais bien loin. Elles explorent livres après livres depuis 1975, dans une sorte de journal intime, le monde de l’enfance, les exaltations de l’adolescence, les brûlures de l’amour et les ambiances balnéaires, à la recherche d’un fragile bonheur que l’âge ne fait que magnifier.
Quelques-unes de ses photographies demeurent inoubliables, véritables icônes d’un certain art de vivre ou d’une approche qui assimile l’acte photographique à un authentique flirt, comme pour cette fille à la Vespa qui exprime le plaisir des vacances et d’un été sans fin ou cette adolescente, madone de Naples, en maillot noir une pièce qui offre au photographe l’intensité de son regard pour l’éternité. Cette distance bien trouvée, cette intimité qu’il crée entre lui et ses modèles ou les gens vers lesquels il s’épanche sont toujours redoublées d’une hardiesse formelle, d’une lumière qui semble ne vouloir saisir que l’essentiel d’une rencontre, d’un instant épiphanique. Viendra ensuite le travail sur la maquette du livre, le jeu des doubles pages, le rapport des images entre elles, le récit réel ou fictionnel les accompagnant, un temps purement photographique, lequel est la marque d’une certaine modernité.
Claude Nori est avant tout un extraordinaire narrateur qui a compris l’aspect subjectif, trouble, équivoque de la photographie et qui a décidé de la mettre dans tous ses états.à travers l’espace créatif du livre. Ainsi, l’écran d’un téléviseur, les territoires où il passa ses vacances, les lieux où des films du néoréalisme se tournèrent furent prétextes à des voyages nouveaux, à la fois fugues, thérapies et amplificateurs d’existence.
Installé depuis prés de quinze ans, au Pays basque avec sa famille, il continue à creuser son sillon de photographe sentimental et d’éditeur plus que jamais passionné et avide de découvertes et de rencontres.
"Dans les années soixante, chaque été lorsque j’étais enfant, nous partions de Toulouse dans la Simca bleue de papa pour passer des vacances sur les bords de mer en Italie. Au début des années 80, j’ai tenu à prolonger ces moments de bonheur simple, la plage, les gelati, les jukebox, les virées en Vespa, les tubes de l’été, les filles et le flirt.
Adolescent attardé, j’ai photographié pendant plus de quinze ans, les amours balnéaires comme si je me trouvais dans un film de Fellini, de Zurlini, de Scola ou de Risi. Je travaillais avec un petit appareil automatique pour ne pas ressembler à un photographe professionnel et pouvoir ainsi participer moi-même à cette vie et aux plaisirs qu’elle procure.
Aujourd’hui, c’est avec un peu de nostalgie que je regarde mes images mais ma fille Giulia, tout juste vingt ans, ressemble de plus en plus aux jeunes italiennes de mes images. Tout espoir n’est donc pas perdu de reprendre le voyage pour une nouvelle Dolce Vita."
BIOGRAPHIE
Né en 1949, Claude Nori découvre la photographie à dix-neuf ans à Toulouse grâce à Patrick Chapuis, alors qu’il se destinait à devenir réalisateur après des études au conservatoire du Cinéma français.
En 1974, il quitte Toulouse pour Paris, se lie d'amitié avec le photographe Bernard Plossu et fonde Contrejour, à la fois journal, maison d’édition et galerie à Montparnasse qui devient rapidement le lieu de rencontre et de diffusion de la nouvelle photographie.
Après avoir travaillé pour Vogue, Daily Telegraph Magazine, il sort plusieurs livres dont Lunettes en 1976, préfacé par Agnès Varda. Il expose dans de nombreux festivals (Arles, Malmo, Houston, Tokyo, Valencia, Rome, Corigliano, Rio de Janeiro, Coimbra...), galeries et ses œuvres sont présentées dans de nombreuses collections.
En 1999, avec sa femme Isabelle Nori, il s’installe à Biarritz où ils fondent le festival Terre d'Images, la revue Photo Nouvelles et le magazine Revista en 2003 pour lequel il réalise de nombreux reportages sur le Pays basque.
En juin 2011, il relance les nouvelles éditions Contrejour.
Une belle rétrospective lui a été consacrée par la Maison Européenne de la Photographie en 2012.
Bibliographie
Lunettes, Contrejour, 1975
Une fille instantanée, roman, Le Seuil, 1981
Il me semble vous avoir rencontré quelque part, Contrejour, 1983
L’été dernier. Manifeste photobiographique. Avec Gilles Mora. De l’Étoile, 1983
À l’Institut, Institut français de Naples, 1986
Stromboli, Contrejour, 1991
Fugues Toulousaines, Subervie, 1997
Toi et moi, En Vues, 1999
Un été Italien, Marval, 2002
Les couleurs du bonheur, Lieux dits, 2004
La Photographie en France, Flammarion, 2008
Passions al dente, Éditalie, 2010
La Géométrie du flirt, Contrejour/Château d’Eau, 2011
Jours heureux au Pays basque, Contrejour, 2011
Les désirs sont déjà des souvenirs. Contrasto. 2012
Un photographe amoureux, Contrejour, 2014
Stromboli, contrejour, 2015
Lumières au Palais, 2015, ed du palais